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“L’Etat-voyou”

“L’Etat-voyou”

Le livre « L’État-voyou » de Caroline Brun et Marie- Christine Tabet

L’enquête proposée donne des exemples irréfutables et des arguments concrets sur le gaspillage étatique. Terrifiant.

Commentaire dans Contrepoints de Didier Maréchal 

L’État-voyou est composé de quatorze enquêtes fouillées et documentées sur le labyrinthe étatique (notamment « L’État mauvais payeur », «  Les arnaques de la sécurité routière », « Le désastre Louvois », « L’impunité en bande organisée »)

Mais le premier grand mérite de ces investigations est de donner aux libéraux des exemples irréfutables et des arguments concrets à opposer aux étatistes de tout poil qui nous cernent (et nous oppressent).

Le deuxième est de constater que nous sommes, jour après jour, de plus en plus nombreux, à être conscients (mais aussi victimes) des dysfonctionnements de l’État, ce qui est très réconfortant par les temps qui courent. Il est aussi probable que les onze mille exemplaires tirés ne seront pas exclusivement lus par des libéraux patentés.

Que retenir de notable de ce livre ?

Ce qui frappe d’abord, c’est l’irresponsabilité face à ces faillites qui règne à tous les étages, de l’aveu même des… « responsables ». On se croirait dans la cour d’une école maternelle : « C’est pas moi qui a fait cette bêtise, c’est mon copain !».

Prenons un premier exemple. Le système informatique Chorus a été progressivement mis en place entre 2008 et 2012 pour gérer les dépenses de l’État (en remplaçant une quinzaine d’applications existantes). Dix pages y sont consacrées et retracent rapidement les grandes lignes de ce désastre. On y apprend notamment que les collaborateurs du Ministre de la Défense lui auraient caché les problèmes (notamment de retards de paiements des fournisseurs de plusieurs mois, dont certains ont déposé le bilan). Hervé Morin avoue néanmoins : « Les informaticiens nous disaient que cela allait marcher : ils bossaient pour des SSII payées à prix d’or ! Ce n’était pas un sujet politique, pour moi, c’était un sujet technique, maîtrisé par des experts ». No comment, par charité chrétienne !

La morale de cette histoire : la directrice adjointe de l’agence pour l’informatique financière de l’État à cette époque, a été promue directrice. Son ancien patron a été promu directeur des services informatiques de l’État.

Le deuxième exemple porte sur le fiasco du système informatique Louvois de gestion de la paie des armées. La mise en place, en 2011, est également calamiteuse, mais les principales victimes sont les militaires de carrière, qui sont pour certains payés avec trois mois de retard, pour des montants fantaisistes. Mais Bercy en est aussi victime car le logiciel génère trois fois plus de trop perçus que d’insuffisances de solde pour les militaires. Au surplus, beaucoup auront à gérer des discordances de déclarations d’impôt sur le revenu avec les services fiscaux.

Pour « sourire », le DRH du Ministère de la Défense de l’époque a été élu manager de l’année 2011 pour la réforme de la Défense…, le ministre Le Drian enterre Louvois en décembre 2013 et engage la conception d’un nouveau logiciel de paie pour les armées.

Au total, ce livre fourmille d’anecdotes et de témoignages accablants qui donnent envie au lecteur de dynamiter notre État tentaculaire et, au mieux, inefficace, au pire nuisible. Il mérite donc d’être lu par tous les citoyens sensibles à ses ratages et désireux de réfléchir à une réforme libérale. Le reproche que l’on peut adresser aux auteurs, c’est qu’ils se bornent à leurs constats, certes édifiants.

Mme Brun indique ne souhaiter « donner de leçon à personne » (Le Figaro.fr du 3/10/2014).

Néanmoins, elle précise qu’il faut choisir entre le modèle libéral et le modèle social-démocrate, en suggérant que la France est entre les deux.

Or, beaucoup pensent que la France tend plutôt à se rapprocher, jour après jour, du système soviétique prôné par la gauche.

À ces remarques, Mme Brun m’a aimablement répondu :

« Merci de votre message ! Il nous va droit au cœur, car ce livre-enquête n’a pas été facile à faire.

Nous ne prenons pas parti sur le modèle souhaité, mais nous n’en pensons pas moins (pas forcément la même chose d’ailleurs, ma co-auteur et moi-même !).

Si notre reportage au cœur des services de l’État peut faire avancer la réflexion, et provoquer des passages à l’acte – en tout cas des réformes en actes, et non en paroles nous en serions évidemment ravies. Nous pensions juste ne pas avoir de légitimité pour donner notre avis sur des sujets aussi fondamentaux. Notre légitimité c’est plutôt de raconter ce qui se passe vraiment dans le cœur du réacteur – le fonctionnement de l’État. Bref, un travail de journaliste, ce qui est notre métier ! »

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